La représentation des femmes en politique au Burkina Faso est un sujet d'importance croissante, particulièrement dans un contexte où l'égalité des sexes est devenue une priorité internationale. Bien que des progrès aient été réalisés, les données récentes suggèrent que les femmes continuent de faire face à des obstacles significatifs à leur participation politique. Cet article propose un état des lieux de la situation, en s'appuyant sur des données et analyses récentes.
Contexte Politique et Juridique
Le Burkina Faso a mis en place des mesures spécifiques pour améliorer la représentation des femmes dans les instances politiques, notamment la Loi N° 10-2009/AN qui impose un quota de 30 % de femmes sur les listes électorales. Cependant, les résultats des élections législatives de 2015 et des élections municipales de 2016 montrent que ce quota n'est pas respecté dans la pratique. Lors de ces élections, la représentation des femmes au sein de l'Assemblée nationale a culminé à seulement 11 %, ce qui reste largement en dessous du seuil nécessaire pour assurer une réelle influence des femmes dans les décisions politiques.
Obstacles à la Participation des Femmes
Plusieurs facteurs contribuent à cette situation alarmante. Tout d'abord, les structures politiques sont souvent patriarcales, ce qui limite l'accès des femmes aux candidatures, notamment à des postes éligibles. Les partis politiques n'ont pas toujours la volonté d'appliquer les lois en faveur de la diversité de genre, préférant maintenir des dynamiques de pouvoir traditionnelles où les hommes dominent.
Le soutien familial joue également un rôle déterminant. Les femmes candidates qui bénéficient du soutien de leurs conjoints ou de leur famille élargie sont, en général, plus susceptibles de réussir dans leurs initiatives politiques. À l'inverse, de nombreuses candidates se heurtent à des résistances culturelles qui perçoivent leur engagement politique comme contraire aux normes traditionnelles.
Impact de la Violence sur la Participation Politique
L’instabilité politique et la violence préélectorale observée pendant les élections de 2016 ont exacerbé ces défis. Les femmes, qui sont souvent davantage affectées par ces violences, sont moins incitées à se présenter aux élections dans un tel climat d’insécurité. Cela crée un cercle vicieux, où la peur de la violence dissuade les femmes de s'engager politiquement, ce qui contribue à leur marginalisation.
Rôle des Organisations de la Société Civile
Les organisations de la société civile ont joué un rôle crucial dans la promotion de l'égalité des genres et l'encouragement des femmes à s'engager en politique. Plusieurs initiatives ont vu le jour pour sensibiliser le public sur l'importance d'une représentation équitable. Ces organisations se battent non seulement pour la mise en œuvre des lois sur les quotas, mais elles fournissent également un soutien aux femmes candidates par le biais de formations et de mentorat.
Conclusion
En conclusion, la représentation des femmes en politique au Burkina Faso est entravée par une combinaison de facteurs juridiques, patriarcaux, culturels et sécuritaires. Bien que le cadre législatif offre des opportunités, son application reste incomplète. Pour améliorer la situation, il est crucial que les partis politiques adoptent des mesures proactives pour garantir l'inclusion des femmes. Un engagement collectif de la part des acteurs politiques, des organisations de la société civile et des communautés est impératif pour instaurer une véritable démocratie paritaire.
Ainsi, seulement par des actions concertées, le Burkina Faso pourra espérer réaliser une représentation équitable des femmes au sein de son enceinte politique. Les prochains défis incluront non seulement la mise en œuvre effective des lois existantes, mais aussi un changement significatif des mentalités et des structures institutionnelles.
- Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso. Une
- https://lefaso.net/spip.php?article77548
- International IDEA
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