Burkina Faso : Champion Ouest Africain des Coups d’État - Les Mordus

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vendredi 12 juillet 2024

Burkina Faso : Champion Ouest Africain des Coups d’État


L’histoire du Burkina Faso, pays sahélien au cœur de l’Afrique Occidentale, a été jalonnée par de nombreux soubresauts politiques depuis son indépendance. De 1960 à nos jours, le pays a connu pas moins de dix coups d’État, dont certains d’une ext
rême violence.


5 août 1960, la Haute-Volta accède à l’indépendance sous la direction de Maurice Yaméogo. Ce dernier, cependant, se retrouve rapidement critiqué pour sa gestion autoritaire et la gabegie financière. Yaméogo, en effet, épouse une deuxième femme au Brésil, entraînant des dépenses somptuaires qui vident les caisses de l’État. La répression du mouvement syndical, couplée à cette mauvaise gestion, aboutit à une longue grève des syndicats et finalement au soulèvement populaire du 3 janvier 1966, où les manifestants appellent l’armée à prendre le pouvoir. Les militaires interviennent alors, inaugurant une longue série d’interventions militaires dans la politique du pays.

 

3 janvier 1966 : Les manifestants appellent l’armée à prendre le pouvoir

En 1966, la colère monte au sein de la population burkinabè contre la répression et

la gestion autoritaire de Maurice Yaméogo. Le président a vidé les caisses de l'État en épousant une deuxième femme au Brésil, entraînant des dépenses somptuaires. Face à la gabegie financière et à la répression des mouvements syndicaux, les citoyens et les syndicats se mobilisent. Le 3 janvier 1966, une grève générale est déclenchée, et les manifestants appellent l’armée à intervenir. Sous la pression populaire, les militaires prennent le pouvoir, mettant fin au régime de Yaméogo. Ce coup d’État inaugure une longue série d’interventions militaires dans la politique du Burkina Faso.

 

           


8 février 1974 : Le général Lamizana opère un deuxième coup d’État



Après avoir pris le pouvoir en 1966, le général Sangoulé Lamizana instaure un régime militaire. Cependant, la deuxième république connaît des difficultés économiques et sociales, et la popularité de Lamizana décline. En février 1974, face à une crise politique grandissante et des tensions internes, Lamizana décide de renforcer son contrôle. Le 8 février, il mène un deuxième coup d’État, mettant fin à la deuxième république. Ce coup d’État marque la continuité de l'armée dans la gestion des affaires du pays et met en évidence la fragilité des institutions démocratiques au Burkina Faso.



25 novembre 1980 : Le comité pour le redressement de la République balaye Lamizana

Les Comités de Défense de la Révolution(CDR)

Le 4 août 1983, Thomas Sankara, capitaine de l'armée, prend le pouvoir au Burkina Faso par un coup d'État. Charismatique et visionnaire, Sankara lance une série de réformes radicales pour transformer le pays, y compris des politiques de santé publique, d'éducation et de développement rural. Il rebaptise le pays Burkina Faso, signifiant "Pays des Hommes Intègres". Malgré ses efforts pour lutter contre la corruption et améliorer les conditions de vie, son régime suscite des controverses et des oppositions, conduisant à sa chute et à son assassinat en 1987. 


7 novembre 1982 : Jean-Baptiste Ouédraogo renverse Saye Zerbo

Le 7 novembre 1982, le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo renverse le colonel Saye

Zerbo, mettant fin à son régime militaire. Ouédraogo forme le Conseil de Salut du Peuple (CSP) avec l'intention de restaurer la stabilité et de préparer le pays pour une transition démocratique. Cependant, des tensions internes apparaissent rapidement au sein du CSP, notamment entre Ouédraogo et le capitaine Thomas Sankara, perçu comme une figure progressiste. Ce coup d’État marque une nouvelle tentative de stabilisation politique, mais aussi la montée des rivalités internes qui conduiront à des bouleversements futurs.

          

              

        

 

17 mai 1983 : Les rivalités au sein du CSP conduisent à la mise à l’écart de Thomas Sankara et Blaise Compaoré

En mai 1983, des rivalités internes au sein du Conseil de Salut du Peuple (CSP) atteignent leur paroxysme. Le 17 mai, le capitaine Thomas Sankara, alors Premier ministre, et son allié, le capitaine Blaise Compaoré, sont écartés du pouvoir par une faction plus conservatrice du CSP. Cet événement crée une fracture profonde au sein du gouvernement. La mise à l’écart de Sankara et Compaoré prépare le terrain pour un coup d’État ultérieur, marquant le début d'une nouvelle phase de turbulences politiques. Les divisions internes montrent les difficultés de la transition vers un régime stable.

             


4 août 1983 : Thomas Sankara prend le pouvoir

Le 4 août 1983, le capitaine Thomas Sankara, soutenu par Blaise Compaoré, prend le

pouvoir par un coup d’État, renversant Jean-Baptiste Ouédraogo. Sankara, charismatique et visionnaire, initie immédiatement des réformes radicales visant à transformer la société burkinabè. Il rebaptise le pays Burkina Faso en 1984, signifiant "pays des hommes intègres". Sankara promeut l’autosuffisance, la lutte contre la corruption, et les droits des femmes. Son programme révolutionnaire gagne rapidement en popularité, mais aussi en ennemis, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Son règne marque une période de profond changement et de mobilisation sociale.


           


15 octobre 1987 : Assassinat de Thomas Sankara

Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné lors d’un coup d’État orchestré par son ancien allié, Blaise Compaoré. Ce coup d’État brutal met fin à la révolution sankariste et marque le début d’une longue période de pouvoir pour Compaoré. Sankara est tué avec plusieurs de ses proches collaborateurs au cours de cette attaque. Son assassinat choque le pays et le monde, mais Compaoré justifie son acte en promettant de stabiliser le pays et de relancer l’économie. Cet événement reste un moment clé et tragique dans l’histoire du Burkina Faso, symbolisant la fin d’un rêve révolutionnaire.

         

            

30-31 octobre 2014 : Insurrection populaire aboutissant à la prise du pouvoir par les militaires


Après 27 ans de pouvoir, Blaise Compaoré tente de modifier la constitution pour prolonger son mandat, déclenchant une insurrection populaire massive. Les 30 et 31 octobre 2014, des centaines de milliers de manifestants descendent dans les rues, exigeant son départ. Face à la pression insoutenable, Compaoré démissionne et fuit le pays. Les militaires prennent alors le pouvoir, promettant de guider une transition vers la démocratie. Ce soulèvement populaire montre la détermination du peuple burkinabè à rejeter l’autoritarisme et à lutter pour un avenir démocratique.


                       

24 janvier 2022 : Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR)



Le 24 janvier 2022, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, à la tête du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), renverse le président Roch Marc Christian Kaboré. Le MPSR justifie ce coup d’État par l’incapacité du gouvernement à gérer l’insécurité grandissante due aux attaques djihadistes. Damiba promet de rétablir la sécurité et de stabiliser le pays. Ce coup d’État montre une fois de plus la fragilité du Burkina Faso face aux menaces internes et l’intervention récurrente de l’armée dans la politique nationale.


30 septembre 2022 : Deuxième coup d’État du MPSR


Le 30 septembre 2022, une faction dissidente au sein du MPSR renverse le lieutenant-colonel Damiba, installant le capitaine Ibrahim Traoré comme nouveau dirigeant. Ce deuxième coup d’État en moins d’un an est justifié par l’incapacité de Damiba à améliorer la situation sécuritaire. Traoré promet de poursuivre les efforts pour restaurer la paix et la sécurité dans le pays. Cette série de coups d’État met en lumière l’instabilité chronique du Burkina Faso et les défis énormes auxquels le pays est confronté.

 

        

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